Auteur : Agrippa d'Aubigné (1552 - 1630)

Date : 1616

Contexte historique :

Ces mots apparaissent en 1616 dans Les Tragiques, poème de Théodore Agrippa d'Aubigné, et font référence à une épisode de la nuit de la Saint-Barthélémy.

Agrippa d'Aubigné, fervent calviniste, fut le compagnon du Roi de Navarre, le futur Henri IV, et il combattit à ses côtés jusqu'à son avènement, avant de se consacrer à l'écriture.

Dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 août 1572, à l'instigation de Catherine de Médicis, du Duc Henri de Guise, du duc d'Anjou (futur Henri III) et accessoirement du roi de France Charles IX, un terrible massacre se produisit à Paris contre les huguenots de l'Eglise Réformée. Dans un climat de guerre civile entre les protestants et les catholiques de la Sainte Ligue, exacerbé par les massacres de Wassy (1^er mars 1552) puis de la Michelade de Nîmes (29 septembre 1567), les Ligueurs décidèrent de faire disparaître une douzaine des chefs protestants qui possédaient selon eux une trop grande influence sur le Roi Charles IX. L'Amiral Gaspard de Coligny, que le Roi considérait pourtant comme un père, fut l'une des premières victimes : dagué, défenestré puis décapité, sa tête fut apportée à Charles IX qui la piétina. Mais ce qui ne devait être qu'un réglement de compte tourna au massacre sous l'impulsion de la population parisienne, faisant plus de trois mille victimes dans la capitale française. Navarre et Condé, princes de sang huguenots, furent épargnés par Charles IX, peut-être en raison du mariage qui unissait Navarre à la soeur du Roi, Marguerite de Valois.

Les massacres se prolongèrent en province jusqu'à la fin du mois d'octobre, faisant plusieurs dizaines de milliers de victimes.

Selon certains Parisiens, le Roi Charles IX aurait participé au massacre en tirant à l'arquebuse, depuis les fenêtres du Louvre, sur des protestants qui tentaient de fuir par la Seine. D'où les vers d'Agrippa d'Aubigné, qui était absent de Paris cette nuit-là.