Auteur : Jeanne d'Albret (7 janvier 1528 - 9 juin 1572)


Date : 30 juin 1559


Contexte historique :

Fille d'Henri II de Navarre et de Marguerite de Valois, soeur de François Ier (attention, ce n'est pas la reine Margot), Jeanne d'Albret épouse en 1548 Antoine de Bourbon, prince de sang, et donne naissance en 1553 au futur roi Henri IV. A la mort de son père le 25 mai 1555, elle accède au trône de Navarre.

Elle prononce ces mots lors du tournoi qui vit Henri II, roi de France, se faire mortellement blesser.

Mi-juin 1559 débute une fête donnée par Henri II en l'honneur de sa nouvelle favorite, lady Johanna Fleming, dame d'honneur de la reine Catherine de Médicis. Des joutes doivent cloturer cette fête grandiose. Malgré les pressentiments de la reine (nés des prédictions de son médecin Michel de Notredame et de son astrologue Luc Gauric) et ceux de son valet Vieilleville, Henri II décide de participer à cette dernière journée de joutes, le 30 juin 1559. Il choisit pour adversaire Gabriel de Lorges, Comte de Montgomery et chef des gardes. Les hommes et les chevaux étant exténués en cette fin de matinée très chaude, Montgomery tente de faire fléchir le roi pour que l'assaut n'ait pas lieu. Mais Henri II, souhaitant dédier une nouvelle victoire à sa belle, insiste.

Le combat débute alors. Lors du premier engagement, les lances des deux protagonistes se brisent sur leurs cuirasses. Henri II se saisit d'une nouvelle lance, tandis que Montgomery conserve sa lance brisée et raccourcie, vraisemblablement pour laisser un avantage au roi. Lors du deuxième assaut, la lance de Montgomery glisse sur l'armure d'Henri II et pénètre dans son heaume. Le roi vacille sur sa selle, puis est évacué. Son heaume enlevé, on s'aperçoit qu'un éclat de lance lui a traversé l'oeil droit et est ressorti au niveau de l'oeille droite.

Le médecin du roi, Ambroise Paré, enlève l'éclat de bois (avec une tenaille de forgeron !!) et panse la plaie. Afin de tenter de sauver le roi, il obtient de faire reproduire la blessure du roi, tout d'abord sur le cadavre de quatre condamnés à mort que l'on venait de décapiter, puis sur un prisonnier en core vivant. Malgré ces expériences assez éloignées de la déontologie médicale, Henri II meurt le 10 juillet 1559. Une de ses dernières paroles est de dire qu'il faut pardonner à son vainqueur. Il ne sera pas écouté par Catherine de Médicis, qui n'aura de cesse de se venger, et elle y parviendra 15 ans plus tard en le faisant condamner à mort.

Jeanne d'Albret, qui assiste aux joutes dans les gradins installés rue Saint-Antoine, s'écrie lors de l'incident : "il va mourir, c'était écrit...". Elle fait allusion ainsi aux prédictions de Michel de Notredame (plus connu aujourd'hui sous le nom de Nostradamus), qui avait écrit dans le 35ème quatrain de sa première ceinturie :

Le Lion jeune le vieux surmontera,
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d'or l'oeil il lui crevera,
Deux plays une puis mourir mort cruelle.

Ce qui peut se traduire ainsi à la vision des évènements :

Le jeune Lion (Montgomery) sera victorieux sur le plus vieux (Henri II),
Par un duel singulier en champs de plaisirs,
Il lui crèvera l'oeil en dedans de son armure,
Deux attentats et enfin un dernier de lequel il mourut d'une mort cruelle.



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Valentin Daucourt