C'est pire qu'un crime, c'est une faute


Auteur : Fouché (1759-1820)


Date : 21 mars 1804


Contexte historique :

Joseph Fouché, futur Duc d'Otrante, alors ministre de la Police de Napoléon Bonaparte, prononça cette phrase après l'assassinat du Duc d'Enghien le 21 mars 1804.

En mars 1804, Napoléon est encore premier consul et il doit faire face à de nombreuses contestations, venant notamment du général Moreau ou du chouan Georges Cadoudal. Une conspiration des nobles émigrés aurait par ailleurs pour objectif de le destituer.

Sur les conseils de Talleyrand et de Fouché, Napoléon décide de faire enlever Louis Antoine Henri de Bourbon, Duc d'Enghien, un des derniers descendants des Bourbons et qui ferait partie du complot, avec entre autres le Général Dumouriez. Dans la nuit du 15 au 16 mars, des soldats franchissent la frontière allemande, se rendent à Ettenheim, et ramènent le Duc d'Enghien à Strasbourg, en violation du "Droit des gens", c'est à dire du droit international. Transféré au fort de Vincennes au soir du 20 mars, le prisonnier est jugé par une commission militaire de sept membres présidée par le Général Hulin. Cette commission le condamne à mort malgré l'absence de preuves formelles. Il est exécuté le 21 mars à deux heures du matin ; devant les six hommes de son peloton d'exécution, le Duc aurait porté une lanterne devant sa poitrine pour faciliter leur tâche. Il est ensuite enterré dans les fossés du chateau. Napoléon aurait envoyé Réal à Vincennes pour essayer de faire avouer le Duc et éventuellement le grâcier, mais Réal est arrivé après l'exécution.

En agissant ainsi, Napoléon veut montrer à ses ennemis royalistes ce dont il est capable. Fouché exprime par sa phrase brutale que la faute politique fut plus importante que la faute morale. Cet épisode est en effet sûrement à l'origine des accords entre les différentes monarchies d'Europe contre l'"Usurpateur", accords qui conduiront finalement à sa chute.



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Valentin Daucourt