Auteur : Général Charles de Gaulle (22 novembre 1890 - 9 novembre 1970)


Date : 23 avril 1961


Ecouter une partie du discours du 23 avril 1961 au format mp3


Contexte historique :

La guerre d'Algérie atteint en 1961 un nouveau tournant. Au début de l'année, un référendum organisé en France donne une large majorité en faveur de l'auto-détermination (76% en métropole et 69% en Algérie). Des négociations ont été ouvertes entre le gouvernement français et les émissaires du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne du FLN. Mais l'Organisation Armée Secrète (OAS), menée entre autres par Bidault et Soustelle, frappe "où elle veut et quand elle veut" contre tous ceux qui prônent l'indépendance de l'Algérie. Le 31 mars 1961, le maire d'Evian, Camille Blanc, est assassiné par l'OAS uniquement parce que sa ville avait été choisie pour accueillir les négociations.

Le 21 avril, les généraux Challe, Zeller et Jouhaud, sous l'impulsion des Colonels Argoud, Gardes, Susini et Ortiz s'emparent du pouvoir à Alger, à l'aide du 1er REP. Salan les rejoint depuis l'Espagne où il avait trouvé refuge depuis la semaine des barricades en janvier 1960. Le général Challe prononce un discours où il "fait le serment de l'armée de garder l'Algérie pour que nos morts ne soient pas morts pour rien". Il critique par ailleurs le gouvernement d'abandon du général de Gaulle et annonce que "le commandement réserve ses droits pour étendre son action à la métropole et reconstituer un ordre constitutionnel et républicain gravement compromis par un gouvernement dont l'illégalité éclate aux yeux de la nation".

Les mutins souhaitent donc débarquer en métropole. De Gaulle prononce alors un discours télévisuel le dimanche 23 avril 1961, au surlendemain du coup d'état, où il appelle tous les Français à barrer la route à ces hommes et où il interdit à tout soldat de leur obéir :

"Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Algérie par un pronunciamento militaire. (...) Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d'officiers, partisans, ambitieux et fanatiques".


Le 24 avril à minuit 45, Michel Debré appelle la population à se rendre sur les aéroports pour empêcher l'arrivée des parachutistes.
En Algérie, les soldats du contingent crient leur volonté d'obéir au général de Gaulle, mis à part quelques parachutistes ou légionnaires.
Challe et Zeller se rendent, et un tribunal militaire les condamne à 15 ans de réclusion. Salan et Jouhaud s'enfuient ; le premier sera condamné à perpétuité au grand dam du général de Gaulle ; le second sera condamné à mort mais sa peine sera commuée en perpétuité par le chef de l'état.

Les entretiens d'Evian en mai et juin 1961, puis les accors d'Evian le 18 mars 1962 permettront de mettre fin fin à cette guerre qui n'a jamais voulu en prendre le nom. Le 1er juillet 1962, un référendum donnera l'indépendance aux Algériens.


Le Canard Enchaîné, peu partisan du Gaullisme, releva que le terme "quarteron" employé par le général était erroné, puisqu'il désignait la quatrième partie d'un cent, soit 25 et non quatre comme le nombre de généraux impliqués dans le coup d'état (merci à Marc Pougheon pour cette information). En vérité, le terme "quarteron" peut également désigner au figuré un petit nombre, ce qui rend son utilisation appropriée.



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Valentin Daucourt