Auteur : Antoine Adrien Lamourette (1742 - 11 janvier 1794)


Date : 7 (ou 11) juillet 1792


Contexte historique :

Depuis la journée du 20 juin 1792 qui a vu les Parisiens envahir les Tuileries, aux cris de "A-bas Monsieur et Madame Veto", et obliger le Roi Louis XVI à porter le bonnet rouge des sans-culottes et boire et trinquer avec eux à la bouteille, une scission importante s'est créée à l'Assemblée Nationale entre le camp royaliste les Républicains.

Le 7 juillet 1792, le député modéré Antoine Adrien Lamourette, élu à l'Assemblée Législative en 1791, monte à la tribune pour y prononcer un discours rassembleur. Il y attribue les dangers extérieurs que connait la France à la division de l'Assemblée. Puis il ajoute :

"A quoi se réduisent les défiances ? Une partie de l'Assemblée attribue à l'autre le dessein séditieux de vouloir détruire la monarchie. Les autres attribuent à leurs collègues le dessein de vouloir détruire l'égalité constitutionnelle, et établir le gouvernement aristocratique connu sous le nom des deux chambres. Eh bien ! Foudroyons, Messieurs, par une exécution commune et un irrévocable serment, foudroyons et la République et les deux chambres !"

De nombreux applaudissements fusent alors sur les différents bancs de l'Assemblée. Lamourette poursuit :

"Jurons de n'avoir qu'un seul esprit, qu'un seul sentiment : jurons de nous confondre en une seule et même masse d'hommes libres. Le moment où l'étranger verra que ce que nous voulons, nous le voulons tous, sera le moment où la liberté triomphera et où la France sera sauvée."

Les parlementaires de droite et de gauche seraient alors tombés dans les bras les uns des autres, Condorcet embrassant son ennemi Pastoret, et Louis XVI déclarant que son voeu le plus cher était maintenant rempli. L'entente ne dure toutefois pas plus de deux jours, la réconciliation hâtive étant considérée par les Républicains comme un complot organisé par la Cour et le Clergé. Le Jacobin Billaud-Varennes s'écrie "voir tel député se jeter dans les bras de tel autre, c'est voir Néron embrasser Britannicus, c'est voir Charles IX tendre la main à Coligny."

On ne pardonnera pas à Lamourette son discours modéré et rassembleur : devenu suspect aux yeux des Révolutionnaires, il est arrêté, emprisonné puis guillotiné en 1794, après avoir renié son "irrévocable serment".



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Valentin Daucourt