Auteur : Honoré Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau (9 mars 1749 - 2 avril 1791)

Date : 23 juin1789

Contexte historique :

Lieutenant de cavalerie à 18 ans, Mirabeau mène une vie dissolue qui le pousse souvent à fréquenter les prisons françaises, puis à s'exiler dans différents pays européens. Lorsqu'il apprend la convocation des Etats-Généraux en 1787, Mirabeau cherche à se faire élire député en Provence, tout d'abord de la Noblesse, puis du Tiers-Etat. Passionné, orateur talentueux, il remporte un grand succès populaire et s'impose à l'Assemblée comme le porte-parole du Tiers-Etat.

A l'Assemblée, le 23 juin 1789, Louis XVI demande aux députés la séparation des trois Ordres et leurs délibérations en trois salles différentes. Une partie de la Noblesse et du Clergé est prête à obtempérer, mais le reste des députés s'y refuse.

Le Marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies, vient rappeler les ordres du Roi après le départ de celui-ci. Mirabeau aurait alors répondu selon Le Moniteur :

"Oui, Monsieur, nous avons entendu les intentions qu'on a suggérées au Roi ; et vous qui ne sauriez être son organe auprès des Etats-Généraux, vous qui n'avez ici ni place ni voix, ni droit de parler, vous n'êtes pas fait pour nous rappeler son discours. Cependant, pour éviter toute équivoque et tout délai, je vous déclare que si l'on vous a chargé de nous faire sortir d'ici, vous devez demander des ordres pour employer la force ; car nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes".

Par la suite, Mirabeau lutte contre le despotisme et pour la liberté du peuple, mais reste proche de la Cour. En mai 1790, il commence un double jeu en devenant conseiller secret de Louis XVI (en l'échange d'une pension mensuelle et du paiement de ses dettes).

Elu président de l'Assemblée en février 1791, il combat certaines lois contre les émigrés et est accusé de traîtrise par les députés Jacobins. Mirabeau meurt le 2 avril 1791, usé par le travail et les excès de sa vie, échappant certainement à la guillotine.

Victor Hugo relèvera toute la force de la réplique de Mirabeau qu'il estime la plus forte de celles ayant visé Louis XVI. Faisant allusion au nom donné au Roi lors de son procès, il écrit :

"Louis Capet, c'est la royauté frappée au visage ; Votre maître, c'est la royauté frappée au coeur !".