Auteur : Napoléon (15 août 1769 - 5 mai 1821)

Date : fin avril ou début mai 1802

Contexte historique :

Ces mots auraient été prononcés par Napoléon Bonaparte devant Cambacérès et Roederer (ou devant son chef d'Etat-Major Berthier ?), qui s'inquiétaient de la décision de Napoléon de créer l'Ordre de la Légion d'Honneur.

Alors qu'il est encore Premier Consul, Napoléon Bonaparte travaille à préparer l'avenir de la France. Après avoir organisé l'Administration et la Justice, Napoléon veut développer deux points lui apparaissant essentiels : la création de lycées d'instruction publique pour éduquer la jeunesse de France, et l'institution d'un nouvel ordre de chevalerie afin de récompenser les meilleurs citoyens, la Légion d'Honneur.

Pierre-Louis Roederer, sénateur et conseiller du Premier Consul, souligne que ce nouvel ordre risque d'être considéré comme une nouvelle noblesse. Jean-Jacques Régis de Cambacérès, Second Consul, ajoute que les Assemblées risquent de s'y opposer. Napoléon leur réplique que les Français sont fiers et légers, que malgré la Révolution, la liberté et l'égalité ne leur sont pas essentiels. Il ajoute que dans toute République, des distinctions existent : "On appelle ça des hochets, je sais, on l'a dit déjà. Et bien, j'ai répondu que c'est avec des hochets que l'on mène les hommes".

La Loi créant la Légion d'Honneur sera votée le 19 mai 1802 par le Parlement par 166 voix contre 110, après l'approbation limite du Conseil d'Etat et du Tribunat. Les premières décorations seront décernées le 15 juillet 1804 aux plus grands personnages de l'Etat.

La Légion d'Honneur récompense les mérites civils et militaires, en temps de paix ou de guerre. Napoléon n'avait pas tort quand il assurait que les hommes aimaient les décorations : la Légion d'Honneur existe toujours en France, ayant résisté à tous les changements de régime depuis près de deux siècles, et la quasi totalité des nations du monde possède une distinction similaire...