Dors-tu, Capet ?


Auteur : Antoine Simon (1736 - 28 juillet 1794)


Date : du 3 juillet 1793 au 19 janvier 1794, à la prison du Temple à Paris


Contexte historique :

Ces mots sont attribués au savetier Simon, qui est chargé de l’éducation et de la garde du jeune Louis XVII à la prison du Temple entre le 3 juillet 1793 et le 19 janvier 1794.

Lors de la commune insurrectionnelle de Paris le 10 août 1792, la foule parisienne envahit le Palais des Tuileries où réside la famille royale. Après avoir échappé à la vindicte populaire en se réfugiant à l’Assemblée nationale, Louis XVI est conduit à la prison du Temple en compagnie de son épouse Marie-Antoinette, Reine de France, de sa sœur Madame Elisabeth, et de ses enfants Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale, et Louis-Charles, héritier du trône. La monarchie française n’est plus…

A la mort de son père, guillotiné le 21 janvier 1793, le jeune Louis Charles lui succède en vertu du principe de la continuité dynastique, sous le nom de Louis XVII. En juillet 1793, le petit Louis est isolé du reste de la famille royale et confié au savetier Simon et à sa femme. Le but de la Convention est d’en faire un citoyen ordinaire, de lui faire oublier sa condition de Roi de France en lui faisant porter la carmagnole et le bonnet phrygien, et en lui apprenant les chants révolutionnaires. C’est durant cette période que, selon la légende, Simon réveillait chaque nuit le jeune enfant en tambourinant sur le mur de sa chambre et en lui criant : « Dors-tu, Capet ? Moi je veille ! ». Toutefois, selon de nombreux témoignages, Simon n’était pas la brute tant décriée par la suite et devenue le symbole du martyr qu’on a fait subir à Louis XVII ; homme fruste, plus bête que méchant, il s’occupe de l’enfant avec sa femme jusqu’en janvier 1794, où il est relevé de ses fonctions.

C’est à partir de cette date que commence réellement le calvaire de Louis XVII. Totalement isolé dans une chambre obscure, sans hygiène ni secours, sa santé se dégrade rapidement. Après la mort de Robespierre en juillet 1794, il est confié à Laurent, un nouveau gardien protégé de Barras, et son sort s’améliore très légèrement. Les plus modérés des Conventionnels envisagent un temps de l’échanger avec des prisonniers français retenus en Autriche. Mais cette libération n’aura jamais lieu.

Toujours détenu dans d’atroces conditions, ne pouvant revoir sa sœur et recevant très peu de visites, Louis XVII tombe malade. Il semble atteint d’une forme de tuberculose péritonéale. Des médecins sont appelés à son chevet : Desault, médecin en chef de l'Hôtel-Dieu, qui décède subitement, puis Philippe-Jean Pelletan. C’est ce dernier qui réalisera l’autopsie après la mort de Louis XVII le 8 juin 1795, et qui subtilisera le cœur de l’enfant.

Un doute a toujours existé sur l’enfant réellement décédé au Temple en juin 1795. Etait-ce bien le jeune Louis XVII ? Celui-ci s’était-il échappé en 1793, ou était-il mort avant 1795 ? Si de nombreuses zones d’ombre persistent encore dans cette « énigme du Temple », l’analyse ADN du cœur subtilisé par Pelletan a montré en 2 000 que le cœur était bien celui d’un enfant de Marie-Antoinette.



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Valentin Daucourt